Mati Diop sublime ce qui fait l’histoire du Bénin

Share This Article
« Dahomey », est un film à la fois malin et poétique. Dans ce film la réalisatrice franco-sénégalaise retrace le destin des œuvres restituées au Bénin par la France. Sorti en salle le 11 septembre dernier, ce conte magistral a été récompensé d’un Ours d’Or à la Berlinale 2024.
10 novembre 2021. Vingt-six (26) œuvres des trésors royaux du Bénin gardées en France depuis 1892, sont réceptionnées. Avec Dahomey, le public n’a d’autres choix que de se retrouver au cœur du même récit. Et ce, jusque dans les caissons qui accompagnent les œuvres, du Quai Branly jusqu’au Bénin. Plutôt qu’œuvres, le documentaire de Mati Diop a appelé « trésors », les objets restitués au Bénin.
La réalisatrice va encore plus loin, en faisant de l’un de « ses » trésors, le narrateur ésotérique de son récit. C’est sa voix qui guide le public dans les ténèbres du film. Avec lui, les spectateurs pénètrent dans une longue nuit de captivité. Une nuit qui s’est étendue sur plus d’une centaine d’années, entre l’invasion de 1892 (communément appelée la seconde guerre du Dahomey) et 2021, année de restitution des trésors pillés.
« Nous pouvons soit oublier le passé, une charge désagréable qui nous empêche d’évoluer, ou nous pouvons en prendre la responsabilité, l’utiliser pour avancer », a déclaré Mati Diop, citant Aimé Césaire. La cinéaste afro-descendante a « choisi d’être de ceux qui refusent d’oublier, qui refusent l’amnésie comme méthode ».
Rappelons que, les œuvres pillées par la France, ancienne puissance coloniale, se comptent par milliers. Pour ce qui est des autres biens du pays non encore restitués, le Président béninois, Patrice TALON reste optimiste, comptant sur la dynamique de coopérative dans laquelle les deux pays sont engagés.