« Le passage vers la Grèce est désormais fermé » : Athènes durcit sa politique migratoire

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Face à l’augmentation significative des arrivées de migrants par voie maritime depuis l’Afrique du Nord, le Gouvernement grec a annoncé ce Mercredi 3 Juillet de la suspension pour trois mois des demandes d’asile concernant les personnes arrivant par voie maritime depuis l’Afrique du Nord. Une décision justifiée par une « situation d’urgence nationale » et qui suscite une vive controverse sur le plan humanitaire et juridique.
Depuis le début de l’année 2025, plus de 7 300 migrants ont été recensés sur les îles du sud de la Grèce, contre 4 935 sur la même période en 2024, selon les données officielles. Rien que le mercredi 3 juillet, les garde-côtes grecs ont secouru plus de 520 personnes au large de l’île de Gavdos, au sud de la Crète. La majorité de ces traversées serait partie des côtes libyennes, ce qui alimente les inquiétudes d’Athènes sur une intensification des activités de passeurs.
Le Gouvernement s’appuie sur l’article 78(3) du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui autorise les États membres à prendre des dispositions temporaires en cas d’afflux massif et soudain de migrants, afin de préserver l’ordre public et la sécurité nationale.
Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a justifié cette suspension par la nécessité de briser les réseaux de trafic humain. « Tout migrant entrant illégalement sur le territoire sera arrêté et placé en détention », a-t-il déclaré.
Cependant, plusieurs ONG et organismes internationaux ont rapidement réagi, dénonçant une violation du droit international. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a rappelé que le droit de demander l’asile est fondamental, indépendamment des moyens utilisés pour entrer sur un territoire.
Des organisations telles qu’Amnesty International ou Médecins sans Frontières alertent sur les risques d’une « suspension de facto du droit d’asile », et sur les conséquences humaines pour les personnes fuyant des zones de guerre, de torture ou de persécutions. Elles appellent à respecter les engagements internationaux de la Grèce, notamment la Convention de Genève de 1951.
Le Gouvernement grec insiste sur le caractère ciblé et temporaire de cette suspension, précisant qu’elle concerne exclusivement les arrivées par mer depuis l’Afrique du Nord. Athènes affirme agir dans le respect du droit européen et dans un contexte de pression migratoire qu’elle juge « structurelle et asymétrique ».