Sommet de Luanda : les dirigeants africains réclament la fin des barrières douanières américaines

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Réunis ce 23 juin 2025 à Luanda, lors du Sommet des affaires États-Unis–Afrique, les Chefs d’État africains ont pointé du doigt les récentes décisions unilatérales de Washington, qui mettent à mal l’accès préférentiel des exportations africaines au marché américain, notamment dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa). L’heure est venue, disent-ils, de passer de la logique de l’aide à celle du commerce et de l’investissement.
L’Afrique ne souhaite plus être une source d’extraction brute. Elle attend des alliances industrielles, des projets de transformation locale, des emplois qualifiés. Elle met également en avant ses ressources critiques à la transition énergétique mondiale.
Le Bénin, comme d’autres pays africains, a vu ses produits textiles, fruits transformés, denrées agricoles frappés de taxes plus lourdes, réduisant leur compétitivité et freinant leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
Le Président angolais João Lourenço a ainsi exhorté les États-Unis à revoir leur politique. « Il est temps de remplacer la logique de l’aide par celle de l’investissement et du commerce », a-t-il martelé, appelant à une diversification des investissements américains au-delà des ressources extractives. Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine, a pour sa part, plaidé pour la fin des restrictions douanières et des visas, rappelant que l’Afrique représente un marché potentiel de 1,3 milliard de consommateurs avec d’immenses ressources naturelles encore sous-exploitées.
Dans une dynamique constructive, Akinwumi Adesina, président de la Banque Africaine de Développement (BAD), a souligné l’urgence d’une intensification des échanges commerciaux. « Nous devons revoir les droits de douane élevés imposés aux pays africains. Ce qu’il faut, c’est accroître les échanges commerciaux entre l’Afrique et les États-Unis, et non les réduire », a-t-il précisé, en mettant en avant le projet du corridor de Lobito, cofinancé par la BAD et soutenu par les États-Unis, comme modèle d’un partenariat gagnant-gagnant.
Les Chefs d’État ont également rappelé le rôle stratégique de la Zlecaf pour stimuler l’intégration économique du continent et veulent désormais un partenariat sur la base de la réciprocité, de la justice économique et d’un engagement sur le long terme.
Les réactions du côté américain, bien que mesurées, se veulent rassurantes. Troy Fitrell, haut responsable du Département d’État, a reconnu le potentiel africain et besoin urgent de « changer les perceptions » des investisseurs américains afin de connecter ces derniers aux opportunités réelles du continent.