Révolution culturelle au Bénin : professionnalisation, lecture et financement au cœur des réformes

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Le secteur culturel béninois est en pleine mutation. Du statut de l’artiste à la modernisation des bibliothèques, en passant par la généralisation des classes culturelles et le financement des projets, le gouvernement affiche une volonté ferme de structurer durablement l’industrie culturelle.
La professionnalisation du secteur culturel béninois se précise. Après de nombreuses années d’annonces, le projet de réforme du statut de l’artiste est désormais à un stade avancé. « Nous sommes en train de consulter les différents acteurs concernés avant l’étape du Conseil des ministres et celle de l’Assemblée nationale pour que nous puissions avoir les textes sur le statut de l’Artiste », a affirmé le Ministre Jean-Michel Abimbola.
Le Gouvernement travaille également à établir une classification précise des acteurs (professionnels, semi-professionnels, amateurs) ; catégoriser ou doter chaque artiste d’un profil métier et mettre en place un répertoire national des métiers artistiques. « Et exiger que chacun ait le profil du métier auquel il (elle) s’est spécialisé (e). Même si vous êtes polyvalent, vous devez posséder les qualités liées à chaque domaine que vous revendiquez », a-t-il précisé.
Des réflexions sont aussi menées sur une meilleure protection sociale pour les artistes souvent vulnérables face aux aléas du métier à travers la perception des droits d’auteur via le Bubedra et la mise en place d’une assurance privée en collaboration avec le Conseil National des Organisations d’Artistes (CNOA). Pour ce faire, un vaste programme de digitalisation a été lancé pour que les redevances soientautomatiquement payées en ligne. Selon le Ministre des Arts et de la culture, « désormais, avec l’automatisation, nous pouvons identifier facilement tous ceux qui doivent aux artistes, recouvrer ces fonds et répartir les redevances aux ayants droit ».
Industrie du Livre et de la lecture : « le Bénin lit, et de plus en plus »
Contrairement aux idées perçues par les profanes, la lecture regagne du terrain au Bénin. Le Gouvernement ouvre et réhabilite des bibliothèques très fréquentées ; et pas que scolaires. La Bibliothèque nationale est en cours de numérisation, avec la création prochaine d’une plateforme numérique où tous les béninois pourront avoir accès à ce fond livresque important. « Nous avons considéré qu’il fallait prendre l’industrie globale du Livre et de l’Édition, puis la formaliser comme la cinématographie. Donc nous devons faire en sorte que des éditeurs importants puissent émerger au Bénin. Ils éditeront des béninois et évidemment d’autres africains », a-t-il indiqué. Faut-il noter que le Bénin valorise déjà ses écrivains à travers le Salon du Livre et Grand Prix Littéraire
Les classes culturelles : détecter les talents dès le secondaire
Lancée en phase pilote il y a trois ans, l’initiative des classes culturelles s’apprête à entrer dans une phase de généralisation. « Nous avons déjà impacté 89 établissements, 18 000 apprenants et 890 encadreurs ». Cette année, 14 nouveaux établissements seront concernés avec 140 encadreurs supplémentaires. Ce projet, qui a déjà généré des milliers d’emplois, vise à détecter et professionnaliser les jeunes talents dès le secondaire. « Oui c’est un projet pour la détection des talents ; un projet pour ceux qui veulent vivre de leur talent. Nous sommes organisés de telle sorte qu’il n’y ait pas d’incident et s’il fallait garder ce principe de détection, je pense que plus tôt on élargira, plus tôt on généralisera, mieux ça sera parce que c’est une injustice pour les enfants qui dans leurs écoles n’ont pas encore la possibilité d’y participer ».Des événements gratuits comme la Fête de la musique ou les Nuits artistiques et culturelles permettent d’ailleurs aux béninois de profiter gratuitement des talents de leurs artistes.
Le défi du financement culturel
Avec le Fonds de Développement des Arts et de la Culture (FDAC), l’Agence de Développement des Arts et de la Culture (ADAC) a enregistré un engouement inédit : plus de 8 000 projets soumis pour une quarantaine financés, afin d’éviter le « saupoudrage ». Mais les ambitions vont plus loin. « Nous travaillons à la création d’un fonds de bonification qui permettra aux acteurs culturels d’obtenir des financements auprès des banques », explique le Ministre. L’objectif est de diversifier les mécanismes de financement pour mieux soutenir la créativité et l’entrepreneuriat artistique.
Le secteur culturel béninois se dote peu à peu des outils de sa structuration. Les défis restent nombreux, mais les réformes engagées dessinent plus de professionnalisme, plus de protections et surtout plus d’ambitions pour les artistes et tous les acteurs concernés.